Cap à l’ouest ! Entre ses panoramas verdoyants, ses villages pittoresques et son patrimoine préservé, l’Orne est une invitation à l’émerveillement. Que vous soyez un passionné de nature, un fervent d’histoire ou simplement en quête d’une aventure revigorante, le département offre une multitude de possibilités pour un séjour inoubliable. En vadrouille à travers cette destination normande, où chaque recoin recèle de trésors à découvrir.
Lorsque l’on évoque la Normandie, nous pensons instinctivement au Mont-Saint-Michel ou encore aux plages du débarquement. Oseriez-vous emprunter des routes insoupçonnées à la découverte des autres joyaux de la région ? Nous prenons la direction du département de l’Orne. Des reliefs de la Suisse normande au village médiéval de Domfront sans oublier le fameux camembert et le délicat poiré, l’Orne a su garder toute son authenticité. Nous avons passé trois jours sur ces terres normandes au contact de ses paysages, de son patrimoine et de ses savoir-faire.
→ Jour 1 – La Suisse normande, paysages majestueux et villages pittoresques
Plein les mirettes à la Roche d’Oëtre
Pour débuter notre escapade, nous prenons de la hauteur. Terrain de jeux à ciel ouvert, la Suisse normande se démarque par ses reliefs accidentés, vestiges du massif armoricain. En rando, à vélo ou tout simplement en balade bucolique, le paysage appelle à la contemplation. Il faut rejoindre la Roche d’Oëtre qui culmine à 118 mètres pour prendre toute la mesure de ce décor à couper le souffle. Le belvédère surplombant la vallée, offre une vue imprenable sur les gorges de Rouvre. Dans cet écrin de verdure, se mêlent richesse géologique, faunistique et floristique. Nous pourrions rester des heures à admirer les roches en forme de visages sublimées par les rayons du soleil mais l’écho de la rivière torrentueuse Rouvre attire notre curiosité. Nous empruntons alors le sentier du granite (une boucle de 8,7 km) à la découverte du cours d’eau.
Ce jour de printemps, la Rouvre est dynamique. Casse-croûte en main, nous longeons la rivière par le sentier qui traverse une forêt luxuriante. Ici, les tilleuls, frênes et aulnes côtoient un parterre d’Ail des ours, de Polypode et de Jacinthe des bois. La faune n’est pas en reste. Le cours d’eau large et puissant abrite truites, chabots et voit parfois passer quelques grands migrateurs comme les saumons et les anguilles. Avec un peu de chance, vous pourrez aussi observer des loutres et des martin-pêcheurs !
Les prairies naturelles et la vision de la Maison du Paysage nous indiquent la fin du sentier de randonnée. Pour les amateurs de marche, sachez que le GR de Pays – Tour de la Suisse Normande a été élu GR préféré des français 2023. D’autres activités comme la découverte de la pêche à la mouche, le kayak ou bien l’escalade sont proposées pour explorer cette contrée sauvage.
Avant de quitter les Montagnes de Normandie, nous arpentons les villages alentour et tombons sur quelques pépites : les méandres du fleuve Orne, la chapelle de Saint-Philbert-sur-Orne ou encore le Blanc Rocher. C’est qu’il y a toujours une bonne raison de faire une halte par ici !
La Carneille, un village de caractère
En fin d’après-midi, nous rejoignons le village de La Carneille. La commune figure parmi nos coups de coeur de cette vadrouille. Entre son église au campanile remarquable, ses petites maisons de pierre et sa vieille halle au beurre, La Carneille séduira à coup sûr les amoureux du patrimoine bâti. Il faut se balader dans les cavées en contrebas du village et suivre les 11 pupitres « La Carneille en Histoire » qui jalonnent un parcours de 1,7 km. Depuis les Celtes jusqu’au début du 20e siècle en passant par le Moyen-Âge, La Carneille a traversé les époques et a été autrefois une commune bien plus riche et importante que sa voisine Flers. De nombreuses activités artisanales s’appuyaient sur la Gine, une rivière qui traverse le village en son coeur.
Lors de notre promenade, nous découvrons des ruelles aux noms mystérieux comme le « Chemin de Trompe-Souris » ou la « Cavée de la Gôele » ainsi que de nombreuses oeuvres artistiques. La Carneille accueille en effet de nombreux artistes peintres attirés par le caractère à la fois intimiste et méditatif des lieux.
Nous serions bien restés quelques heures de plus à flâner dans les allées du village mais Marie, notre hôte du jour, nous attend au domaine de la Boderie. C’est dans ce manoir du 16e siècle, en pleine campagne normande, que nous passerons la nuit. Le lieu s’est récemment doté d’un Pavillon japonais, un écogîte insolite sur le modèle des ryokans nippons. C’est que les propriétaires du domaine partagent un lien profond avec le Japon. Mais nous laisserons Marie vous raconter cette belle histoire qui bercera votre nuit dans cet endroit hors du temps.
→ Jour 2 – Savoir-faire authentiques et patrimoine historique
Lever de soleil aux forges de Varenne
Nous quittons la Suisse normande pour le Pays de Domfront, au sud du département. C’est aux forges de Varenne que nous débutons cette deuxième journée dans l’Orne. À l’horizon, la vision des hauts fourneaux révélés par les premiers rayons du soleil nous indique que nous approchons des lieux. Ancien site de production de fer, « les forges de Varenne » est l’ensemble le plus complet et le mieux conservé de forges à bois en Europe. Le fer qu’on y fabriquait était vendu sur le marché de Domfront et prisé des artisans du coin qui le transformaient en fer à cheval, en serrures et en clous.
Ce matin, seul le chant des oiseaux vient briser le silence monastique qui règne dans le parc des forges qui s’étend sur 16 hectares. Nous tentons d’imaginer l’activité qui s’y déroulait il y a encore quelques siècles, entre la chaleur des hauts fourneaux, le bris du bois dans la fenderie et le souffle du feu dans les forges d’affinerie. Classé Monument Historique, le site est un véritable témoin du passé industriel du département.
Il ne faut parcourir que quelques centaines de mètres pour aller percer un autre secret qui se cache aux alentours : celui de la fabrication du Camembert de Normandie. Il est 9h00 mais nos palais sont déjà prêts à goûter le célèbre fromage normand.
Un fameux camembert à Champsecret
L’incontournable, le seul, l’unique… le Camembert de Normandie. Il nous était impossible de traverser le département sans déguster ce fromage de caractère à la renommée internationale, qui fait la fierté des normands. Et pour cause. Sa fabrication singulière réclame un travail minutieux.
Patrick Mercier, producteur fermier de Camembert de Normandie, nous accueille à la Ferme du Champ Secret. À notre arrivée, des dizaines de vaches normandes pâturent paisiblement autour de l’exploitation. Lorsqu’il reprend la ferme familiale à seulement 21 ans, Patrick choisit de marcher sur les traces de son père, agriculteur conscient et bienveillant. Il pratique durant trente ans le métier de producteur de lait, avant de se lancer dans la production d’un fromage qu’il affectionne tant : le camembert. En tant que passionné des appellations d’origine, c’est tout naturellement qu’il met en oeuvre le lourd cahier des charges de la fabrication du Camembert de Normandie : lait cru, moulage à la louche ou encore vaches normandes dans les prés.
Delphine, la responsable de fabrication, nous conduit dans les hâloirs, là où sont fabriqués les camemberts. Une odeur extrêmement singulière imprègne les lieux. Cette odeur, c’est la traduction olfactive de la dualité entre le sucré et l’acide. C’est ici que la magie opère pour obtenir un camembert au cœur coulant et au goût unique. D’où vient le secret de fabrication ? « Le secret vient du champ ! », nous répond Patrick sans en dévoiler davantage.
Avant de quitter la ferme, nous échangeons longuement avec lui sur son métier, sa passion pour le camembert et les difficultés auxquelles il fait face : « Ma vie ne tient qu’à un camembert. », résume-t-il en blaguant. Nous repartons avec une poignet de fromages, en sachant par avance qu’ils ne feront pas long feu. Mais alors, quelle boisson pour accompagner ces camemberts ? Le solution est toute trouvée, direction la Ferme de L’Yonnière à Torchamp.
Dégustation de poiré à Torchamp
Sur la route qui nous conduit à Torchamp, nous admirons les poiriers en fleur de part et d’autre de la voie. La poire, Jérôme Forget en a fait sa spécialité. D’abord installé en tant qu’éleveur, il finit par s’intéresser aux dizaines de poiriers qui trônent fièrement sur son exploitation pour produire du poiré, une boisson fermentée bien connue des domfrontais. À la Ferme de l’Yonnière, certains poiriers ont plus de 200 ans. L’adage local « 100 ans pour grandir, 100 ans pour produire, 100 ans pour mourir » prend ici tout son sens.
En arpentant les vergers, Jérôme nous explique comment il contribue à entretenir ce cycle naturel avec la plantation de variétés endémiques de la région quand d’autres font le choix de raser ces arbres ancestraux. Car il y a encore quelques années, le poiré était une boisson peu valorisée, essentiellement destinée à une consommation locale.
C’était sans compter sur la détermination d’une poignée de producteurs dont Jérôme fait partie. Grâce à leur mobilisation, le poiré du Domfrontais est devenu « Poiré Domfront », arborant fièrement une Appellation d’Origine Protégée (AOP) depuis 2006. Cette AOP met en avant une variété locale de poire la « Plant de Blanc » qui constitue à elle seule 40 % minimum de l’assemblage.
À la Ferme de l’Yonnière, les vaches de Jérôme pâturent sous les arbres. Ce système de pré-vergers participe à la qualité des poires toutes récoltées à la main. Une série d’engagements qui porte aujourd’hui ses fruits puisque le Poiré Domfront retrouve peu à peu une place de choix sur nos tables et s’exporte dans de nombreux pays ! Nous n’allions certainement pas quitter les lieux sans le déguster. En bouche, le poiré Domfront révèle un équilibre sucré-acidité ponctué par une virgule finement astringente. La boisson saura clairement séduire toutes les papilles, de l’apéritif au dessert.
Fin de journée à la cité médiévale de Domfront
Cette deuxième journée de vadrouille dans l’Orne se termine à la cité médiévale de Domfront. Anne-Laure, guide touristique à l’office de Tourisme du Pays de Domfront, nous attend sur les hauteurs de la ville. Décidée à nous en mettre plein les yeux, elle nous mène vers la première étape de la visite : le site de l’ancien château. Bâti sur un éperon rocheux, il est un lieu de défense remarquable du duché de Normandie qui contrôlait les routes vers le Mont-Saint-Michel, le Maine, l’Anjou et la Bretagne. Deux majestueux pans du Donjon, hauts de 25 mètres, constituent aujourd’hui les vestiges du passé de la cité qui a traversé les époques et les guerres.
Anne-Laure nous guide ensuite vers le coeur de la cité médiévale en passant devant les anciennes tours de défense, aujourd’hui lieux d’habitation. Domfront a conservé un plan urbain typique du Moyen-Âge avec des ruelles étroites et pavées, de charmantes maisons à pans de bois avec échauguettes et des petites places. Ces richesses architecturales ont permis à la commune de décrocher les labels « Petite Cité de Caractère » et « Plus beaux détours de France ». Située au carrefour de la Vélo Francette et de la Véloscénie, la cité médiévale voit d’ailleurs passer de nombreux cyclotouristes qui profitent de la splendeur des lieux pour une halte cinq étoiles !
Pour conclure cette visite en beauté, Anne-Laure nous ouvre la porte qui mène au clocher de l’église Saint-Julien, implantée au coeur de la ville. Construite en béton armé dans un style alliant Art Déco et style Néo-byzantin, l’église a été classée Monument Historique en 1993. Nous ne regrettons pas les centaines de marches qui mènent au clocher, le panorama offre une vue imprenable sur l’horizon bocager.
La journée se termine par un dîner à L’Échauguette, une adresse prisée des domfrontais. Nous passerons la nuit au Vieil Home, un petit cocon rénové en contrebas de la ville, idéal pour se ressourcer après une belle journée (le gîte est labellisé Accueil Vélo).
→ Jour 3 – Balade matinale et retour aux sources
Une randonnée au Tertre Sainte-Anne
Ce matin, nous retrouvons Anne-Laure au Tertre Saint-Anne. Site naturel, le tertre de grès armoricain boisé fait face au château de Domfront. Sous une pluie fine, les grands chênes, hêtres et pins donnent une atmosphère mystique au lieu. On raconte d’ailleurs qu’un féroce dragon vivait sur le tertre et semait la terreur dans la région. Adressez-vous à Anne-Laure pour connaitre le fin mot de cette légende !
Durant notre balade, nous passons devant la Maison des Allemands (elle aussi à son lot d’histoires !) et l’ancienne carrière de pierres mais c’est la nature qui domine aujourd’hui le site. La richesse faunistique et floristique fait le bonheur des naturalistes et randonneurs de passage. Le Tertre Sainte-Anne est aussi propice à la pratique de l’escalade et du VTT. Nous rejoignons la voie verte qui signale la fin du parcours de randonnée et de notre visite du Pays de Domfront.
Le Caillou, refuge gourmand en Suisse normande
Pour boucler la boucle et conclure notre vadrouille sur une note gourmande, nous avons rendez-vous au restaurant Le Caillou situé à La Roche d’Oëtre, le point de départ de notre périple normand. Nous poussons la porte du restaurant et c’est un autre monde qui nous attend. Dès les premiers pas en salle, le décor est planté. Entre la terrasse panoramique, les boiseries éclatantes et le mobilier chiné, Le Caillou est un endroit accueillant et propice à la déconnexion. Morgane et Benoit, les gérants, ont pensé le lieu pour qu’il se fonde au mieux dans la nature qui l’entoure. En cuisine, la démarche est similaire. Tous les plats sont faits maison avec des produits frais, bio et locaux autant que possible.
Nous partageons un dernier repas en se remémorant avec joie les étapes de notre itinérance dans l’Orne. Entre les paysages verdoyants, les villages pittoresques et les savoir-faire remarquables, chaque instant a révélé la profondeur et l’authenticité de cette destination. Notre vadrouille nous laissera des souvenirs chaleureux et une envie d’en découvrir davantage. Une promesse de retour pour de nouveaux moments d’émerveillement dans un département qui vaut de l’Or.
Où manger ?
- L’Échauguette : à Domfront-en-Poiraie, une pizzeria dans le centre historique de Domfront qui dispose d’un jardin d’été avec terrasse. Une adresse prisée des domfrontais.
- Le Caillou : à Saint-Philbert-sur-Orne, un café-restaurant qui propose des plats faits maison, pour une pause gourmande et chaleureuse au coeur de la Suisse normande.
Où dormir ?
- Le Domaine de la Boderie, à Sainte-Honorine-la-Chardonne, un gîte de caractère, entièrement refait à neuf, avec des matériaux écologiques et naturels. Le lieu s’est récemment doté d’un Pavillon japonais, un écogîte insolite sur le modèle des ryokans nippons.
- Le Vieil Home, à Domfront-en-Poiraie, un gîte rénové en contrebas de la ville, pouvant accueillir jusqu’à quatre personnes. Labellisé Accueil Vélo, le lieu est idéal pour se ressourcer après une belle journée à pédaler.
Comment venir ?
- En train : le réseau ferroviaire permet de bonnes liaisons en TER depuis Paris pour rejoindre des communes à proximité de la Suisse normande comme Argentan ou Flers. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site SNCF et/ou Réseau NOMAD.
- À vélo : l’Orne dispose de nombreux aménagements cyclables. Le département est notamment traversé par La Véloscénie et La Vélo Francette. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site France Vélo Tourisme.
- En voiture : À 1h30 de Paris, les autoroutes A13, A11, la Nationale 10 ainsi que les nombreuses routes départementales vous permettront de rejoindre l’Orne rapidement. Pour planifier vos itinéraires, rendez-vous sur ViaMichelin ou Mappy.