Ce(ux) qui nous lie

Au-delà des belles pierres et des monuments, des femmes et des hommes se mobilisent pour faire battre le coeur de nombreuses communes. Par leur engagement quotidien, ces tisseurs de liens sont un maillon essentiel de la vitalité de nos villes et villages. Rencontre avec le patrimoine vivant de quatre Petites Cités de Caractère® en Pays de la Loire.

Mouchamps, Mortagne-sur-Sèvre, Mallièvre, Pouzauges… Ces quatre communes vendéennes bénéficient de leur proximité avec le parc du Puy du Fou mais ce n’est certainement pas leur seul atout ! Labellisées Petites Cités de Caractère®, elles se distinguent par de nombreuses initiatives pour valoriser leur patrimoine, accueillir le public et animer la vie locale. Le tout, soutenu par l’engagement et l’énergie de leurs habitants. Durant deux jours, nous sommes allés à la rencontre de Marie-Anne, Patrick, Justin, Bernadette, Hélène ou encore Anita, véritables bâtisseurs de convivialité.

→ Jour 1 – De Mouchamps à Mortagne-sur-Sèvre

Un élan bienveillant à Mouchamps

Pour accéder au centre historique de Mouchamps, il est nécessaire de prendre un peu de hauteur. Nichée sur un promontoire rocheux au pied duquel serpente le Petit-Lay, la cité rappelle, par sa disposition urbaine, qu’un château s’élevait au coeur de celle-ci. Des vestiges de cet héritage historique sont encore visibles aujourd’hui, comme l’ancienne chapelle du château-fort, datant du 11e siècle, ou la cour du Vieux Château. Mouchamps est également associée à des figures historiques renommées telles que Georges Clemenceau, surnommé le « Père de la Victoire », et Ernest Beaux, le créateur emblématique du parfum Chanel n°5.

Aujourd’hui, le cœur de Mouchamps bat au rythme de l’engagement de ses habitants. Ici, chacun joue un rôle essentiel pour faire vivre cette commune pleine de caractère. Et ce n’est pas son maire qui dira le contraire. « Les mouchampais laissent les mouches en paix ! », s’exclame Patrick, en nous accueillant chaleureusement à la mairie. Le premier édile, élu en 2020, porte Mouchamps haut dans son coeur : « Je suis né et ai grandi ici, raconte-t-il, c’est une commune qui n’est pas comme les autres, elle a une histoire forte et elle est surtout très vivante. »

Il suffit de flâner dans les rues de cette Petite Cité de Caractère pour sentir cette ferveur collective. Nous croisons d’abord Delphine et Tony qui viennent tout juste d’ouvrir leur boulangerie en centre-ville : « Nous avons eu un véritable coup de coeur pour Mouchamps. Quand l’opportunité d’avoir ce commerce s’est présentée, nous avons sauté sur l’occasion. », se souvient Delphine. Boulanger depuis l’âge de 14 ans, Tony ne sait faire que du bon pain, au levain évidemment : « Je ne travaille qu’avec des farines issues de blés anciens et de provenance locale. »

À quelques mètres de là, c’est Marie-Anne, une autre figure mouchampaise qui nous accueille dans son commerce. Le bureau de tabac-presse-papeterie de Mouchamps, inauguré en 1956 par ses parents, est devenu un passage incontournable : « J’ai toujours connu ce métier. Très vite, mon intention a été de prendre la suite de mes parents. », raconte la commerçante, avant d’ajouter : « de nombreux touristes viennent aussi me demander des informations sur Mouchamps. »

Mouchamps et ses commerces rayonnent. Nous traversons la rue pour nous attabler à la Crêperie du Soleil tenue par Franck et Fawzi. Le lieu porte bien son nom, éblouissant ses visiteurs avec des crêpes maison préparées à partir de produits frais. « Je suis arrivé en juin 2010 à Mouchamps, et je suis tombé amoureux de ce village. », se remémore Franck. L’amour est aussi ce qui a amené Hélène à s’installer à Mouchamps. Céramiste et voyageuse au long cours, elle a trouvé son port d’attache dans cette commune vendéenne, où elle a rencontré son compagnon. Son atelier, situé dans la cour du Vieux Château et restauré en 2013, est un lieu où l’histoire se mêle harmonieusement au présent : « Il m’inspire dans mon travail au quotidien. », confie-t-elle.

L’attachement des mouchampais à leur commune est palpable. Les habitants jouent un rôle clé dans les initiatives culturelles portées par la ville, qu’il s’agisse de la rénovation de monuments, de la création de parcours historiques, du fleurissement des rues ou de l’organisation de festivités, comme les « Dimanches de Caractère » qui attirent curieux et passionnés.

Authenticité et traditions préservées à Mortagne-sur-Sèvre

Deuxième étape de notre périple vendéen, Mortagne-sur-Sèvre illustre aussi le rôle des habitants et des commerces dans la vitalité de la commune. Ancienne cité médiévale et ville clé de la ligne de défense du Poitou, Mortagne-sur-Sèvre dispose d’un patrimoine à la hauteur de son histoire. Le château, ses remparts, l’église Saint-Pierre et son prieuré nous transportent aux 10e et 11e siècles. De cette époque, subsistent encore aujourd’hui le tracé des rues, les venelles et les places, dont les noms témoignent de leur origine médiévale : la rue de La Juiverie, l’impasse des Créneaux ou encore la rue du Château.

Olivier, adjoint délégué au patrimoine et au tourisme à Mortagne-sur-Sèvre, nous détaille l’ambition de la ville de faire du patrimoine un élément central du quotidien et du projet de territoire : « Les habitants participent activement à cette démarche lors d’ateliers, explique-t-il, c’est l’occasion de riches échanges entre générations natives du territoire et nouveaux habitants. » À la tête de la boucherie historique du centre-ville, Thierry Auguin incarne cette génération de mortagnais attachée à leur commune et ses commerces : « J’ai pris la succession de mon père il y a cinq ans. Lui-même avait succédé à mon grand-père qui tenait déjà la boucherie à la fin des années 1890. », raconte le boucher. « C’est bien que les petits commerces continuent d’exister. », nous glisse une fidèle cliente.

Non loin de là, Jocelyn, un passionné de bière venu du Maine-et-Loire, a ouvert la brasserie Mortania en 2021. Le brasseur utilise principalement de l’orge produite en Vendée et met à l’honneur les monuments de la ville sur chacune de ses bouteilles : « J’ai eu la chance de trouver ce local à proximité du centre-ville et d’être très bien accueilli par les habitants. », se souvient Jocelyn. Le nouvel arrivant confirme ainsi l’hospitalité et la convivialité qui règnent à Mortagne-sur-Sèvre.

Notre visite se poursuit dans le quartier d’Évrunes, à quelques encablures du centre-ville. L’association La Boule Évrunaise nous a conviés à un tournoi de boules en bois, un jeu traditionnel de la région. Les quarante membres de l’association se réunissent tous les mercredis pour partager de véritables moments de convivialité. « C’est un jeu qui se transmet de génération en génération. Nous organisons deux compétitions amicales par an. », raconte Jean-Yves, le Président de l’association. « Le plus important ici, ce n’est pas de gagner, c’est de se retrouver et de passer du bon temps ensemble. », abonde Bernadette. « Moi, j’essaie toujours de pouvoir gagner ! », rigole Yannick.

À l’image de la pétanque, la boule en bois consiste à placer sa boule le plus près possible d’un cochonnet, avec une particularité : les terrains sont bordés par une bande en bois que les joueurs peuvent utiliser. « Aïe, aïe, aïe, aïe ! », « Bravo ! » « Stop ! » « Allez ! » sont autant d’exclamations qui animent les parties endiablées du mercredi. Grâce à l’association La Boule Évrunaise, qui fête cette année ses 40 ans, la boule en bois demeure un symbole vivant du patrimoine de Mortagne-sur-Sèvre.

→ Jour 2 – De Mallièvre à Pouzauges

Flânerie matinale à Mallièvre

Notre deuxième journée en Vendée débute à Mallièvre, une charmante cité médiévale entourée par la Sèvre nantaise et le ruisseau de la Vouzaie. Mallièvre est la Petite Cité de Caractère de Vendée qui compte le moins d’habitant mais certainement pas le moins d’intérêt ! Autrefois l’une des plus importantes forteresses du haut bocage vendéen, la commune a été ravagée par les nombreux conflits qui ont marqué la région, mais elle a su renaître de ses cendres. Dès le 17e siècle, Mallièvre développe le tissage des laines, du chanvre, du lin, puis du coton venu du Choletais proche. Cette activité connaît son apogée au 19e siècle, donnant naissance à de hautes demeures de maîtres et à de nouvelles maisons en granit. Celles des tisserands semi enfouies font la particularité du bourg et rappellent cette époque prospère.

Ce matin, nous échangeons avec Anne et Alex Govaert chez qui nous avons passé la nuit. Il y a quelques années, lors d’une villégiature à Mallièvre, le couple est tombé sous le charme d’une maison de maîtres, en bordure de la Sèvre nantaise. « Le coup de foudre et la volonté d’entreprendre, c’est ce qui résume le mieux notre vie. », confient, tout sourire, Anne et Alex. Anne, originaire de Vendée, et Alex, venu d’Anvers en Belgique, se sont rencontrés en Algérie et ont rapidement formé un couple fusionnel. Leurs vies professionnelles les ont menés à sillonner de grandes métropoles à travers le monde, mais la Vendée n’est jamais très loin : « Nous venions régulièrement lors de vacances en Vendée, Mallièvre a été un véritable coup de coeur. », expliquent-ils. Après trois années de travaux, le couple a transformé l’ancien musée de l’eau en une chambre d’hôtes de caractère qui fait le bonheur des touristes de passage à Mallièvre.

Nous remontons la rue du Pavé en direction du centre-bourg où se dressent les nombreuses maisons de tisserands. Ces maisons sont toutes construites de la même façon avec une cave qui accueille l’atelier de tissage. Les ouvertures étroites limitent l’entrée de la lumière et préservent l’humidité, facilitant ainsi le travail du fil. Sur la place centrale du village, un café attire notre attention : le Trèfle. Ce bar, tabac, dépôt de pain, épicerie de dépannage fait partie de l’histoire de la commune depuis des générations. Anita et Louise, mère et fille, ont repris la gestion du lieu en 2023 : « J’ai connu ce bar dans ma jeunesse et j’avais l’envie d’un retour dans la région. Un jour de décembre, je découvre l’annonce de la potentielle fermeture du bar mallièvrais, cela a été un déclic ! », nous confie Anita autour d’un café.

Plus haut dans la commune, nous croisons Alain, menuisier, spécialisé dans la restauration du patrimoine. Logis, châteaux classés monuments historiques ou encore maisons bourgeoises, tout ce qui correspond à de la menuiserie traditionnelle passe entre les mains d’Alain : « C’est mon cheval de bataille, je participe à préserver ce savoir-faire ancestral, et aussi à le transmettre. », explique-t-il. Au fil des rencontres, nous prenons conscience du lien des mallièvrais avec l’histoire et le patrimoine de la commune. Tous partagent cette volonté de préserver cet héritage pour les générations futures.

Se perdre dans les venelles de Pouzauges

S’appuyer sur le passé pour bâtir l’avenir, c’est aussi la mission que s’est donnée la Petite Cité de Caractère de Pouzauges, en lien étroit avec les habitants. Nous partageons un déjeuner avec madame la maire qui nous détaille les projets en cours et à venir. Participation citoyenne, valorisation du patrimoine, maintien des commerces de proximité, la commune est particulièrement soucieuse de la qualité de vie de ses habitants.

Cité labyrinthe, Pouzauges se dévoile à travers ses venelles, de petites rues étroites dont certaines ne mesurent que 80 centimètres de large : « Ces venelles font tout le charme de la commune. Les pouzaugeais, comme les visiteurs, sont invités à les parcourir pour venir dans le centre-ville et au château. », explique Delphine, directrice de l’office de Tourisme du Pays de Pouzauges. Pour mettre en valeur ces passages, la Petite Cité de Caractère a fait réaliser des mosaïques à l’entrée et à la sortie de chacun d’entre eux : « Ces oeuvres servent de points de repère et mettent en lumière notre patrimoine. », ajoute-t-elle.

En remontant ces venelles, nous atteignons le sommet de la « colline d’où l’on voit » (traduction de Pouzauges). Les habitants aiment rappeler que Pouzauges serait le point le plus haut de la Vendée. C’est à cette hauteur que nous découvrons deux moulins emblématiques qui dominent la cité : les moulins jumeaux du Terrier-Marteau dont les ailes ont recommencé à tourner à l’été 2017.

Justin, meunier-boulanger nouvellement installé, perpétue la tradition de la mouture et de la boulangerie artisanale : « Je souhaitais exercer le métier de boulanger depuis mon plus jeune âge. Celui de meunier est venu plus tard avec l’envie de préserver un savoir-faire ancestral. », nous explique-t-il avec passion. Nous pénétrons dans l’un des moulins pour assister à la transformation du blé en farine. Les meules en pierre s’activent en rythme et offrent un spectacle fascinant. La farine qui remplie peu à peu les sacs sera utilisée pour façonner des pains bio de qualité, cuits dans un four à bois en contrebas des moulins, puis vendus sur les marchés environnants.

À travers notre périple en Vendée, il est devenu évident que ce lien entre tradition et modernité, entre passé et avenir, constitue le véritable trésor des Petites Cités de Caractère®. De Mouchamps à Pouzauges, en passant par Mortagne-sur-Sèvre et Mallièvre, chaque rencontre a révélé l’engagement et la passion des commerçants, artisans, élus, et plus largement des habitants pour leur commune. Un patrimoine vivant qui entretient indubitablement la richesse et la beauté de ces lieux.

    En collaboration avec

    Petites Cités de Caractère®

    Répondant aux engagements précis et exigeants d’une charte de qualité nationale, ces cités mettent en œuvre des formes innovantes de valorisation du patrimoine, d’accueil du public et d’animation locale. C’est tout au long de l’année qu’elles vous accueillent et vous convient à leurs riches manifestations et autres rendez-vous variés. Vous y êtes invités. Prenez le temps de les visiter, de franchir les portes qui vous sont ouvertes et d’y apprécier un certain art de vivre.

    https://www.petitescitesdecaractere.com/

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