Brigitte

Druidesse des temps modernes – Installée depuis sept ans au cœur de la région poitevine – Un quotidien riche de vagabondages saisonniers, de connexion avec la nature, de partage local et de recyclage.

Au milieu de la campagne poitevine, se terre non loin de là, un vieil hameau nommé Pierre Taillée. Cela fait maintenant 5 ans que ce lieu vieux de plus de 200 ans reprend vie. Laissé à l’abandon depuis près d’un siècle, Brigitte a su lui redonner son âme d’antan, avec l’aide de son mari Éric. Les arbres et fleurs se dressent avec splendeur autour d’une bâtisse rénovée avec goût, dans le respect de l’architecture locale et de l’environnement. Chaque détail du passé y a été conservé.

Au cœur du lieu, se trouve l’étable d’époque, en l’état. C’est ici que Brigitte prépare ses bains de végétaux et teinte avec passion le linge de ses ancêtres : nappes, draps d’époque, serviettes brodées, tabliers de cuisine. Rien, pourtant, ne prédestinait cette femme au parcours atypique à dédier sa vie aux plantes et au maintien d’un savoir-faire ancestral. Psychométricienne de formation, elle débute une carrière au sein du Centre hospitalier universitaire (CHU) de la Salpêtrière à Paris. Mais elle est vite rattrapée par son âme créatrice et son envie d’un métier manuel au contact de la matière. Elle change alors de voie et devient styliste maille pour enfants. Elle fera, dans le même temps, un passage éclair dans le commerce de luxe chez Sonia Rikiel, ce qui lui permettra d’affiner ses aptitudes et ses envies.

Alors qu’elle souffle ses 36 bougies, Brigitte ouvre sa première société dans l’évènementiel et la décoration florale de mariage. Un retour à ses premières passions pour les plantes et la botanique, un environnement dans lequel elle a baigné toute jeune au côté de sa grand mère. Un « burn out » lui fera finalement prendre la décision de revenir sur les terres de son enfance, là où tout a commencé.

À mes yeux, chaque saison est une palette de couleurs. Celles-ci sont parfois vives, parfois douces, parfois fanées.

Brigitte, Botaniste et teinturière végétale

C’est les mains de nouveau dans la terre qu’elle reprend goût à la vie. La variété des couleurs, qui vont du brun au rose pâle suivant les saisons, la fascine. « À mes yeux, chaque saison est une palette de couleurs. Celles-ci sont parfois vives, parfois douces, parfois fanées. », raconte-t-elle avec poésie. Toutes ses créations trouvent leur origine dans la nature : carottes sauvages, roses trémières, figues, ronces, peaux et noyaux d’avocats ou encore épluchures d’oignons… Tout est bon pour teindre !

Son travail réalisé sous le nom de Gourmandises Vagabondes s’appuie sur un jardin conservatoire créé et semé graine après graine, dans le but de recenser et conserver les plantes sauvages communément appelées « mauvaises herbes ». Ces plantes sont associées à des végétaux d’ornement pour créer une déambulation bucolique. Brigitte transmet avec plaisir aux visiteurs l’importance de la présence de ces plantes dans nos potagers et massifs fleuris. « Plutôt que de les nommer mauvaises herbes, j’utilise le terme de “plantes compagnes” », explique-t-elle.

Toujours passionnée de création textile, il lui vient alors l’envie d’associer ses deux passions : le végétal et le travail du fil. Elle commence d’abord par apprivoiser la technique de l’empreinte végétale, appelée Tataki Zomé (du japonais tataki, marteler, et zome, teindre ; d’où teindre en martelant), une technique ancestrale japonaise de martelage de végétaux pour créer des empreintes sur du tissu. La Tataki, associée à un bain de mordançage, puis de fixateur, permet de conserver les empreintes préalablement inscrites sur le tissu.

La beauté du colorant végétal, lui donne très vite envie d’aller plus loin et de réaliser de “vraies” teintures. Un travail à mi-chemin entre l’empreinte végétale et l’empreinte humaine. Dans sa volonté d’utiliser uniquement ce qui lui est offert par la nature et son entourage, sous forme de troc et de partage local, elle fait également le choix de ne travailler qu’avec des fibres végétales comme le coton et le chanvre mais jamais animales. Ses premières expériences ont d’ailleurs été réalisées avec les feuilles des fruitiers du verger planté il y a quelques années.

Il est 15h. Après un copieux repas végétal, nous partons ensemble sur le chemin entre Pierre Taillée et Gouex cueillir ce qui nous servira pour teinter la nappe choisie pour le dîner du lendemain. Sur les chemins, elle m’explique ce qu’elle ramasse, la manière de le faire et pourquoi. Je ressens à quel point Brigitte à (re)trouver ici une forme de quiétude.

Au retour, la lumière qui éclaire les lieux est incroyable. Ce moment suspendu en pleine nature n’a certainement pas révélé tous ses secrets. La suite dans un prochain reportage.

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