Une virée en Pays de Bray

Entre la Normandie et la Picardie, se cache un petit coin de paradis au charme intemporel : le Pays de Bray. Villages pittoresques, paysages verdoyants, savoir-faire artisanaux ou encore traditions culinaires, cette région propice à la contemplation regorge de pépites qui séduiront les visiteurs de tous horizons. Un héritage du passé que certains habitants s’attachent à faire perdurer.

Nous prenons la route aux premières lueurs du jour depuis Beauvais pour rejoindre le Pays de Bray. Authentique et singulier, ce territoire offre une diversité de paysages dès les premiers kilomètres. Les prairies et les bocages foisonnent grâce à un sol argileux, riche de millénaires d’histoire. Se rendre dans le Pays de Bray, c’est aussi aller à la rencontre d’un terroir unique qui brille par la diversité de ses produits locaux. À pied, à vélo ou en 2 CV, le patrimoine brayon s’apprécie selon les envies. Alors, en voiture Simone !

→ Jour 1 – De Lachapelle-aux-Pots au Mont Sainte-Hélène

Une matinée à la ferme à Lachapelle-aux-Pots

Notre vadrouille débute à Lachapelle-aux-Pots. Le village, dont le nom fait référence au savoir-faire potier du Pays de Bray, est riche de ses produits de la terre. Nous avons rendez-vous à la Ferme de La Vieille Rue, une exploitation familiale où père, mère, fils et fille travaillent main dans la main. Les vaches Montbéliardes nous saluent à notre arrivée. Et elles ne sont pas là par hasard. Passionné de cette race et de la transformation du lait, Bruno Lucien, le père, a décidé de changer l’intégralité de son troupeau de race Prim’Hostein dès son installation en 1997. Aujourd’hui, 60 vaches laitières pâturent paisiblement dans les prairies fertiles qui jouxtent la ferme.

Lorsque son fils Alexandre le rejoint sur l’exploitation en 2016, Bruno ouvre un atelier de transformation avec l’idée de produire un fromage différent de ceux déjà fabriqués dans la région. c’est ainsi qu’est né le « Camem’bray », un fromage au lait cru comme un clin d’oeil au Camembert de la Normandie voisine. « Ici tout est fait maison ! », affirme Anaïs, la fille de Bruno, en charge de la boutique à la ferme. Une boutique qui fait la part belle aux produits de l’exploitation (tommes, fromage blanc, crème fraîche, yaourt…) mais aussi à ceux des maraîchers et artisans du coin. Un Camem’bray dans la sacoche et ça repart, la journée ne pouvait pas mieux débuter !

Sur la route qui nous mène vers la deuxième étape de notre vadrouille, nous tombons sur une charmante bâtisse qui invite à une pause contemplative : l’église Saint Denis d’Hodenc-en-Bray. Elle nous donne un avant-goût de ce qui nous attend à Saint-Germer-de-Fly.

Plein les yeux et les babines à Saint-Germer-de-Fly

Le paisible village de Saint-Germer-de-Fly abrite en son sein un joyau architectural et historique : l’Abbaye Saint-Germer. Nous l’apercevons de loin mais la vue est encore plus époustouflante lorsque nous arrivons au centre-bourg. Avec ses 64 mètres de longueur et ses 20 mètres de hauteur sous voûte, l’église abbatiale impressionne par sa splendeur.

L’histoire de l’abbaye remonte au 7e siècle. Sous l’ordre de Saint Ouen, archevêque de Rouen, Saint-Germer fonde le monastère cistercien de Flay (devenu Fly) dont il devint le premier abbé. Ravagé par les Normandes en 851, un nouvel édifice sera érigé vers 1135 et achevé au début du 13e siècle. L’église abbatiale de Saint-Germer est aujourd’hui considérée comme un remarquable exemple de transition entre le roman et le gothique.

Il faut franchir la porte de l’abbaye pour s’imprégner de la majestuosité d’un lieu qui a traversé les époques. À notre gauche, d’impressionnantes arcades sont soulignées par un décor de bâtons brisés et des petites fenêtres en plein cintre. À notre droite, la Sainte Chapelle, vestige de l’architecture gothique, est éclairée par d’immenses baies vitrées et une magnifique rosace de 7 mètres de diamètre.

Longtemps considérée comme une oeuvre de second plan en raison des dates tardives qui lui étaient généralement assignées, l’abbatiale Saint-Germer fait aujourd’hui la fierté des gérémarois et gérémaroise. Et ce n’est pas Céline et Sylvain, les heureux gérants de l’Auberge de l’Abbaye, située en face du monument, qui diront le contraire. Depuis 50 ans, le couple propose des plats traditionnels cuisinés avec amour dont la fameuse ficelle picarde. Nous nous laissons tenter sans regret par cette crêpe généreuse, garnie de jambon et de champignons de Paris. Un régal !

Le bon sens paysan à Villers-sur-Auchy

C’est repus que nous reprenons la route en direction de Villers-sur-Auchy. Jean-Marie Beaudoin, une bobine du Pays de Bray, nous a donné rendez-vous dans une ancienne étable du 19e siècle, récemment transformée en atelier de production de fromages bio. Lorsque nous arrivons sur place, le fromager est en pleine préparation de ses Bray Picard, dont on lui a soufflé la recette il y a quelques années.

L’ancien programmateur informatique, reconverti en fromager depuis 30 ans, a fait sa spécialité la remise au goût du jour de recettes locales et ancestrales : tomme au foin, tomme au cidre ou encore Bray Picard aux graines de lin. Tous les fromages sont élaborés à partir de lait biologique provenant de la ferme voisine d’Ar Stivell. « L’objectif est de produire localement avec des produits sains, sans pesticides, le bon sens paysan quoi ! », nous confie Jean-Marie.

Nous échangeons avec lui sur son engagement, sa vision du monde paysan. Le partage est aussi au coeur de sa démarche. Le picard aime faire découvrir aux clients et aux curieux les secrets de fabrication de ses délicieux fromages. Il nous ouvre d’ailleurs les portes des trois caves voûtées (et envoûtantes !) réservées à l’affinage. La première, humide, est destinée aux fromages à pâte fleurie, la seconde pour les tommes classiques et au cidre, la dernière pour les historiques tommes au foin. Un aménagement notamment rendu possible grâce à un financement participatif. « On peut désormais préparer jusqu’à 60 tommes par jour. », dit-il fièrement. Des fromages que Jean-Marie et sa compagne Annabelle écoulent chaque semaine sur les marchés de Beauvais, Creil, Saint-Just-en-Chaussée, Frocourt, Tillé, Flavacourt et même jusqu’à Paris !

Une randonnée au Mont Sainte-Hélène

La journée se termine au Mont Saint-Hélène pour une randonnée dans un décor qui n’a rien à envier à la Provence. Haute de 190 mètres, cette petite colline avec vue sur la rivière Epte est une réserve naturelle régionale où se côtoient tilleuls, orchidées sauvages et papillons comme l’Argus bleu nacré.

Le mont se distingue par sa forme géologique qui crée des conditions climatiques variées en fonction des versants. Cette particularité influe sur la répartition de la faune et la flore. Son versant, face au nord, offre une ambiance fraîche et humide où s’y développe des espèces montagnardes. A l’inverse, le versant exposé au sud favorise les espèces qui préfèrent les milieux chauds et secs. C’est ainsi que l’on peut expliquer la présence de certaines plantes aux affinités méditerranéennes qui ajoutent une touche exotique à cet environnement. Plusieurs itinéraires plus ou moins longs sont proposés pour apprécier toute la diversité des paysages brayons.

Au sommet de la colline, près d’un grand tilleul, une magnifique table d’orientation permet d’avoir une vue globale de la « Boutonnière du Pays de Bray ». À quelques mètres de là, une stèle raconte l’histoire de Jean Sacy, un Ermite qui vivait dans la petite chapelle du mont, aujourd’hui détruite.

Il est temps d’entamer notre descente et de rejoindre Le Clocher du May à Saint-Germer-de-Fly. Corinne, la propriétaire des lieux, nous accueille dans cette chambre d’hôtes décorée avec goût où nous passerons la nuit.

→ Jour 2 – Gerberoy et escapade vintage

Gerberoy, le charme en miniature

Le soleil se lève sur le Pays de Bray et nous débutons cette deuxième journée par la visite de Gerberoy. À notre arrivée, les ruelles pavées du village sont encore endormies. Chaque maison à colombages semble avoir été tirée d’un conte de fées. Ce jour de juin, les rosiers en fleurs, qui embrassent les rebords des fenêtres, s’épanouissent et diffusent leur parfum délicat. À chaque coin de rue, une surprise se dévoile : ici, une jolie place ombragée avec des bancs en pierre invitant à la contemplation, là, un jardin parsemé de fleurs colorées.

Fondé au 11e siècle, le village médiéval de Gerberoy a traversé des périodes de prospérité, mais aussi des moments plus sombres. Il a d’abord connu un essor économique grâce à l’activité de ses artisans et commerçants. Les maisons à colombages colorées, qui sont aujourd’hui une caractéristique emblématique du village, étaient alors le symbole de la richesse de ses habitants. Mais la guerre de Cent Ans et les épidémies de peste ont apporté leur lot de destructions et de pertes humaines, plongeant Gerberoy dans une période de déclin.

Ce n’est qu’au début du 20e siècle que Gerberoy retrouve son éclat grâce à la passion d’un homme : Henri Le Sidaner, un célèbre peintre et amateur de jardins. Tombé sous le charme de ce village pittoresque, Le Sidaner a restauré des maisons, créé de magnifiques jardins et a invité d’autres artistes à le rejoindre. Gerberoy est ainsi devenu un lieu de rencontre pour des peintres renommés, attirés par la beauté des paysages environnants et la luminosité si particulière de ce coin de France.

Aujourd’hui classé parmi les « Plus Beaux Villages de France », Gerberoy attire chaque année des milliers de touristes. Pour apprécier tout son charme et sa quiétude, privilégiez donc les débuts ou fins de journée !

Tradition potière en Pays de Bray

À l’entrée du village de Gerberoy, une poterie artisanale attire notre attention. Saviez-vous que le mot « Bray » est un terme de l’ancien français signifiant « terrain humide », « lieu boueux » et « vallée » ? Grâce à son sol argileux, le Pays de Bray a été un terreau idéal pour l’essor de la poterie. Les premières traces de cette activité remontent à l’époque gallo-romaine. Entre le 11e et le 13e siècle, plus de 200 ateliers se sont établis le long de la faille de « la boutonnière du Pays de Bray » (le Musée de la Poterie situé à La Chapelle aux Pots retrace cet historique). Aujourd’hui, cet héritage est préservé par des artisans passionnés comme Stéphanie Quilan, qui a ouvert la poterie de Gerberoy.

L’artiste-artisane potière s’est lancée dans cette activité il y a 30 ans suite à une reconversion professionnelle. Elle se forme auprès d’une amie potière en Savoie puis fait le choix de revenir sur ses terres natales en 2011, où elle a l’opportunité de s’installer dans un petit atelier à Gerberoy. Spécialiste de la terre vernissée et de la technique du raku, Stéphanie Quilan fabrique des poteries utilitaires, des sculpture ou encore des bijoux. « Chaque objet est unique ! » Ses créations sont façonnées à la main, au tour de potier, avec de la terre principalement locale du pays de Bray et de Noron la Poterie. Nous avons eu un coup de coeur pour les tasses décorées de roses en référence à la fleur emblématique du village.

Nous regagnons le centre du bourg pour une pause déjeuner au Jardin des Ifs, un restaurant installé dans une maison du 17e siècle ayant appartenu au gouverneur de Gerberoy. En son sein se trouve un jardin labellisé « Jardin remarquable » notamment pour ses ifs de très grande taille. Le Chef, Gilles Lapalu, a conçu une carte courte et inventive à base de produits locaux pour une cuisine fraîche et pleine de saveurs.

En 2 CV, de Blacourt à Espaubourg

Arpenter le Pays de Bray, c’est comme voyager dans le temps. Ce territoire incarne à merveille l’esthétique vintage. Alors, quoi de mieux qu’une balade en 2 CV pour s’immerger dans cette ambiance rétro ? Nous embarquons à bord d’une authentique 2 CV de 1960 avec Grégoire et Véronique, un couple de passionnés d’objets d’antan. Depuis plusieurs années, le duo partage leur passion pour le vintage à travers un magasin original à Blacourt, des sorties en « deudeuche » mais aussi et surtout un festival : le Bray Vintage Festival, un événement emblématique qui célèbre pleinement l’essence du vintage dans le Pays de Bray.

Tous les deux ans, cette manifestation attire des passionnés de tous horizons, désireux de plonger dans l’atmosphère des années 1930 aux années 1970. Durant trois jours, Le village de Blacourt se transforme en un véritable musée vivant, où les costumes d’époque, les véhicules de collection et les objets vintage prennent vie. Des concerts de musique rétro remplissent l’air de mélodies intemporelles, tandis que des danseurs de swing font revivre l’élégance des années passées. Les visiteurs peuvent se régaler de produits du terroir tels que les fromages de Jean-Marie Beaudoin, les bières de Pap’s Bière ou encore le « Rock ‘n’ Roll », une pâtisserie spécialement créée pour l’occasion par la boulangerie Le Pain d’Hervé. « Il y a un bel engouement autour du festival ! », affirme Grégoire avec le sourire. Nous en prenons toute la mesure lorsqu’il nous fait rencontrer ces artisans du bonheur : Rémy (fondateur de Pap’s Bière) à Saint-Aubin-en-Bray et Philippe (gérant du Pain d’Hervé) à Espaubourg.

Après deux jours d’évasion dans un cadre bucolique et authentique, notre périple touche à sa fin. Entre ses villages de charme, sa nature luxuriante et ses produits du terroir, chaque instant a révélé la richesse et l’hospitalité du Pays de Bray. Que vous soyez amateur de randonnée, passionné d’histoire ou simplement en quête d’un week-end relaxant, tous les ingrédients sont réunis pour une virée inoubliable.

Pour en savoir plus

    En collaboration avec

    Oise Tourisme

    Dotée d’un patrimoine culturel et végétal unique, le département de l’Oise est une véritable bouffée d’air de 128 000 hectares dont la porte d’entrée se situe à 40km de la capitale. Escapade dans des cités princières, royales ou impériales, virée nature dans des forêts majestueuses et jardins artistiques, escale dans des villages pittoresques : flânez, savourez…

    https://www.oisetourisme.com/

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