Le Valois vous tend les bras

Des champs à perte de vue, des châteaux en lisière de forêts et des savoir-faire authentiques : bienvenue en terre picarde et plus précisément dans le département de l’Oise. Située aux portes de l’Île-de-France, cette destination se révèle être idéale pour un séjour à vélo, en rando ou tout simplement en repos. Avis aux passionnés d’histoire, de nature et de terroir !

Lorsque nous arrivons dans le Pays de Valois, au sud du département de l’Oise, la déconnexion est totale. Les copains de la Mad Jacques organise chaque année une aventure à vélo ici et nous comprenons vite pourquoi ils nous ont proposé de partir en éclaireur sur la trace de leur évènement. Bien que le territoire ne jouisse pas d’une notoriété aussi forte que les villes voisines de Chantilly et Senlis, il recèle de richesses patrimoniales et naturelles à couper le souffle. Nous avons vadrouillé durant deux jours dans ce petit bout de France au contact de ses paysages, de ses monuments, de son terroir et de celles et ceux qui les incarnent.

→ Jour 1 – De la vallée de l’Automne au château de Montépilloy

À deux-roues dans la vallée de l’Automne

La journée débute sur les chapeaux de roues. Luc, le gérant du gîte de la Ceriseraie, nous a donné rendez-vous à Orrouy, à proximité de Crépy-en-Valois, pour une balade champêtre dans la vallée de l’Automne au guidon d’une peugeot 103. Ses « meules », comme il aime les appeler, sont des compagnonnes de route idéales pour découvrir la vallée aux 35 clochers. Nous suivons l’Automne, une rivière qui serpente sur plusieurs kilomètres le long des magnifiques paysages du Valois. De charmants villages, églises, chapelles, abbayes, ou encore manoirs datant pour la plupart du 12e siècle se succèdent de part et d’autre de la rivière et invitent à des pauses contemplatives.

Cheveux aux vents, nous rejoignons le Donjon de Vez qui constitue en quelque sorte le clou du spectacle. Perché sur les hauteurs du village de Vez, en surplomb de la vallée, cet ancien château fort édifié au 13e siècle a traversé les époques royales et a été un haut lieu de la noblesse française.

Un détour crémeux à Chantilly

Déjà conquis par le Valois, nous le quittons brièvement pour une pause gourmande à Chantilly. C’est ici que Bertrand a ouvert en 2019, l’atelier de la Chantilly, un concept-salon de thé unique en France dédié au savoir-faire de cette fameuse crème. Tandis qu’il manie le fouet avec grâce, le maître des lieux, membre de la Confrérie des Chevaliers Fouetteurs de Crème Chantilly, nous conte l’origine (supposée) de ce dessert :

« En 1671, le pâtissier François Vatel est chargé d’organiser une réception donnée en l’honneur de la visite du Roi Louis XIV au Château de Chantilly. Il fait alors face à une pénurie de crème dans les cuisines du château. Pris de panique, il décide de fouetter la crème qui lui restait pour lui donner du volume et ainsi servir tous les convives ». Histoire vraie ou légende ? Cela ne nous a pas empêchés de nous lécher les babines.

Un café (citoyen) à Auger-Saint-Vincent

Le Pays de Valois nous appelle à nouveau et c’est à Auger-Saint-Vincent que nous décidons de prendre un café et pas n’importe quel café, un café citoyen. Vous pourriez traverser ce village somme toute classique sans vous y arrêter. Et pourtant, un vent d’optimisme et d’entraide règne dans cette commune de 530 âmes.

Sur la place du village, nous croisons Monsieur le Maire, Fabrice, qui ne manque pas d’idées pour faire vivre la commune. En 2020, avec le soutien d’une bonne partie des habitants, le maire réhabilite le site de l’ancien presbytère pour y installer un café – épicerie – gîte – salle d’exposition, bref, un lieu de vie et de culture qui vaut le passage. À la terrasse du café, nous dégustons la bière locale St Rieul dont la brasserie est située à quelques kilomètres d’ici. « Nous avons un projet de pipeline qui raccorderait le café à la brasserie », plaisante le maire. Auger-Saint-Vincent est aussi un village-étape de la Mad Jacques Picardie et accueille à bras ouverts, le temps d’une soirée festive et d’une nuit, les participants et leurs vélos. 

La St Rieul, la bière artisanale de Trumilly

Le maire d’Auger-Saint-Vincent ayant attisé notre curiosité, nous prenons la direction de Trumilly pour en savoir plus sur cette sainteté. C’est dans ce village rural que la brasserie St Rieul a ouvert ses portes en 1998. Installée dans un vieux corps de ferme, la brasserie est née d’une passion pour les bières de caractère. Une production artisanale et indépendante qui permet l’expression de saveurs qui raviront les connaisseurs. « Nous produisons des bières avec une fermentation naturelle en bouteille. Nos bières ont des saveurs houblonnées avec des nuances fruitées et herbacées. », nous explique Alexis, l’un des gérants de la brasserie.

Quant à la grenouille sur l’étiquette, elle fait écho à une légende mêlant Saint Rieul et ses grenouilles qui se raconte toujours dans la région : « Non loin de notre village, une foule s’est réunie pour écouter les paroles de Saint Rieul. Mais voilà que les grenouilles d’une mare voisine, d’un concert de coassements, viennent couvrir sa voix. Alors d’un geste, Saint Rieul leur impose le silence ! Toutes se retrouvent muettes, à l’exception d’une seule… Mais d’ailleurs, où est-elle passée maintenant ? »

Coucher de soleil à Montépilloy et Fontaine-Chaalis

L’histoire a légué au département de l’Oise un patrimoine d’une exceptionnelle richesse. Nous en prenons toute la mesure lors d’un magnifique coucher de soleil sur deux monuments historiques qui font la fierté du Valois : le château de Montépilloy et l’abbaye de Chaalis.

Édifié vers 1150, le château de Montépilloy se distingue par un majestueux donjon haut de 35 mètres et visible à une dizaine de kilomètres à la ronde. Les murs du château ont vu passer neuf siècles d’histoire avec son lot d’anecdotes. Parmi elles, la venue de Jeanne d’Arc qui a passé la nuit du 15 au 16 août 1429 dans la forteresse après une victoire face aux anglais. La plaque apposée sur le mur de l’église du paisible village témoigne de ce passage.

L’abbaye de Chaalis est également une halte obligatoire pour les passionnés d’histoire. Fondé en 1137 par le roi Louis VI le Gros, le domaine est constitué des ruines de l’église abbatiale, d’une chapelle, d’un musée et d’un parc dont la roseraie est classée « Jardin remarquable ». Les rois de France tels que Saint-Louis ou Charles V aimaient se recueillir dans l’abbaye cistercienne dont on peut observer la majestuosité depuis les grilles du domaine.

→ Jour 2 – Villages authentiques et produits locaux

Lever de soleil à Saint-Jean-aux-Bois

Nous débutons la journée comme nous l’avons terminée, sur la trace des pépites patrimoniales du territoire. Il est 8h30 lorsque nous arrivons à Saint-Jean-aux-Bois. Les premiers rayons du soleil frappent les fenêtres des vieilles maisons basses et les vitraux de l’abbaye. Un petit pont de pierre à deux arches datant du 18e siècle vous donne accès à un espace hors du temps, riche de plusieurs siècles d’histoire.

Nous apprenons notamment qu’en 1794, suite à la Révolution française, les possessions de l’abbaye furent revendues en tant que biens nationaux et que le village prit le nom de « Solitude ». Les habitants de Saint-Jean-aux-Bois sont aujourd’hui encore appelés les « solitaires ». Le village est aussi réputé pour la célèbre chanson « L’amant de Saint-Jean » qui doit son nom à sa composition en 1942 à l’auberge À La Bonne Idée. Émile Carrara, l’auteur de ce morceau du patrimoine musical français, l’avait dédié à sa fiancée Suzanne après l’avoir demandé en mariage à l’auberge du village.

Nous quittons Saint-Jean-aux-Bois pour Pierrefonds dont l’imposant château nous salue à notre arrivée. La ville est évidement réputée pour son imposante forteresse qui trône sur les hauteurs de la commune mais également pour ses sources thermales. Il faut déambuler dans cette cité de caractère et admirer les nombreux monuments et sites classés parmi lesquels le château de Pierrefonds, l’église Saint-Sulpice, les abords de l’étang ou encore l’ancienne gare.

Des produits locaux, de Chèvreville à Montagny-Sainte-Félicité

Des champs à perte de vue, c’est aussi ce qui nous a marqués lors de notre séjour dans le Valois. Si la région n’est pas réputée pour ses spécialités culinaires, elle compte de nombreuses parcelles agricoles. Nous avions aussi envie d’aller à la rencontre de celles et ceux qui font vivre le terroir picard.

Nous arrivons à Chèvreville en fin de matinée. Des centaines de pommiers et poiriers nous ouvrent la route. Nous avons justement rendez-vous aux Vergers de Sennevières, une ferme familiale dont la passion de l’agriculture se transmet depuis 1880. Trois générations d’arboriculteurs se sont succédés sur l’exploitation qui produit chaque année 3500 tonnes de pommes et de poires sur 80 hectares. Ici, la nature reprend progressivement ses droits. Des ruchers, des nichoirs et des haies sont présents en abondance sur ces terres agricoles. Nous croisons également des animaux de la ferme qui se prélassent au bord de la rivière. Un havre de paix ouvert au public avec son marché de produits locaux : pommes et poires évidemment, mais aussi légumes, terrines, jus, fromages ou encore confitures.

Une pomme en guise de collation puis nous prenons la direction de l’avant-dernière étape de notre vadrouille : la brasserie Félicité. En Picardie, une brasserie peut en cacher une autre ! Nous retrouvons Martin, l’un des deux frères jumeaux à l’initiative de cette aventure houblonnée. Martin et Samuel ont uni leur savoir-faire dans l’agriculture et leur passion pour la bière pour créer la brasserie Félicité de leur propre main. Ils sont notamment allés récupérer les impressionnantes cuves de brassage dans les Vosges pour les installer dans le corps de ferme familial réhabilité en brasserie artisanale. À bord de leur estafette équipée d’une tireuse, ils parcourent les villages picards pour distribuer leur breuvage. Un petit coup (avec modération) et ça repart !

Un déjeuner comme chez mamie à Chamant

Il est midi. Nous ne pouvons que recommander notre pause déjeuner à l’Ancien Piqueux dans le village de Chamant. Il faut oser pousser la porte du bistrot pour saisir l’ambiance qui y règne. Dans ce lieu chaleureux, votre palais redécouvrira ce que votre grand-mère cuisinait. Au menu : saucisse/purée, bavette/frites, cassolette de poisson ou encore riz aux légumes. À notre départ, Bruno, au comptoir, nous salue avec son torchon toujours flanqué sur son épaule.

Nous clôturons notre périple dans le Pays de Valois aux Jardins de Rully pour de nouvelles emplettes de produits locaux. Bernard nous accueille avec un large sourire dans son jardin d’Éden. Des légumes par ci, du fromage par là, sa boutique à la ferme est une véritable paradis. Elle est surtout le fruit de collaborations avec des collègues agriculteurs du coin et parfois d’un peu plus loin. Après un échange passionnant sur le monde agricole et la Picardie, nous repartons avec des confitures maisons réalisées avec le restant de sa production de fraises.

Des femmes et des hommes ont façonné l’histoire du Pays de Valois qui se dévoile encore aujourd’hui à travers ses paysages, son patrimoine d’exception et celles et ceux qui défendent l’identité picarde : paysans, artisans, maires ou encore guides. Que vous soyez en famille ou entre amis, vous apprécierez la déconnexion et l’accueil chaleureux d’une région qui vous tend les bras.

Pour en savoir plus

    En collaboration avec

    La Mad Jacques

    Des courses folles au fin fond de la France. Depuis 2017, La Mad Jacques incarne, le temps d’un weekend, ce joyeux désir d’inconnu. Une échappée de 450 kms en stop, une aventure de 100km à vélo ou encore une virée en canoë… et à la fin toujours une fête d’anthologie au milieux des prés.

    https://www.madjacques.fr/

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