C’est l’histoire de Joséphine mon arrière grand-mère maternelle qui, à elle seule, a réussi à transmettre à trois générations cette fâcheuse ou plutôt généreuse tendance à glisser au fond du bol des tranches de fromage à raclette avant d’y servir soupe ou potage. Puisque je viens d’Isère, nous étions tout proche du haut lieu de production de ce célèbre fromage, la Savoie et Haute-Savoie.
Il faut d’ailleurs tirer certaines choses au clair… Saviez-vous que le fromage à raclette ne provient pas forcément de ce beau coin montagneux de France ? C’est en réalité un terme générique puisqu’il est produit dans beaucoup d’autres régions (Bretagne, Auvergne, Franche- Comté…). La raclette « de Savoie » ne représente qu’une toute petite partie de la production française et est protégée depuis 2017 par une IGP (Indication Géographique Protégée). Si votre fromager en a sur son étal, il faudra vous satisfaire de la raclette nature car les producteurs savoyards et haut-savoyards ne produisent pas de raclette fumée, ni aromatisée. De vrais puristes, que voulez-vous !
De mon côté, j’aime à croire qu’il en faut pour tous les goûts et après avoir testé une excellente raclette fumée de mon coin de Bretagne, je recommande chaudement de tenter au moins une fois cette version.
D’ailleurs, vous ai-je seulement décrit ce doux spectacle que nous offre le bouillon fumant lorsqu’il a recouvert le fromage fondu ? Il devient tout crémeux et réveille chez nous l’envie immédiate de plonger la cuillère tout au fond du bol afin d’y récolter ce fil doré que l’on étire à l’infini… Si le mot « raclette » vient du verbe « racler », je vous confirme que cette pratique réjouissante est de mise lors de la dégustation de ce potage.
Les légumes mijotés tout aussi fondants sont quant à eux sélectionnés un peu au hasard. Libre à vous de suivre la recette à la lettre où de remplacer le navet par du chou-fleur, de retirer le céleri, de mettre plus ou moins de poireau. Ce potage peut aussi vous offrir l’opportunité de récupérer les légumes oubliés qui commencent à dater, voire même de terminer les dernières tranches de raclette non mangées par vos convives lors de votre dernier dîner ! L’idée reste de s’adapter, ainsi végétariennes et végétariens, vous pouvez zapper l’étape de la poitrine fumée et remplacer le bouillon de boeuf par du bouillon de légumes.
Sachez qu’il n’est pas rare de prendre goût à ce potage et à ce bon coup de cuillère dans le fond du bol. Cette recette est finalement là pour vous rassasier, vous cajoler le palais et vous injecter une dernière dose d’hiver avant de foncer tout schuss vers une nouvelle vivacité printanière !
Potage raclette et légumes d’hiver
- Quelques tranches de fromage à raclette (natures, fumées ou aromatisées)
- 2 ou 3 pdt
- 3 ou 4 carottes
- 1 ou 2 navets
- 1 ou 2 poireaux
- 1 ou 2 branches de céleri
- 2 oignons ou 4 échalotes
- 1 ou 2 tranches de poitrine fumée coupées en gros lardons
- 1 cube bouillon de boeuf ou légumes
- Beurre, sel et poivre
- Épluchez puis coupez en morceaux vos légumes. Réservez.
- Dans une marmite ou un faitout, faites revenir vos oignons ou échalotes émincés avec un peu de beurre. Ajoutez les dès de lardons et le poireau. Laisser bien dorer le tout.
- Ajoutez le reste de vos légumes puis laissez colorer une dizaine de minutes à feu moyen. Pensez à remuer régulièrement puis sur la fin, mouillez le tout avec un fond d’eau afin de décoller les sucs.
- Recouvrez d’eau jusqu’à hauteur des légumes, ajoutez votre cube de bouillon puis touillez une dernière fois.
- Couvrez et laissez mijoter à feu très doux pendant 45 minutes environ.
- Au moment de servir, pensez à glisser les tranches de raclette au fond du bol ! Si vous avez des restes de potage, mettez au frigo, il ne sera que meilleur réchauffé !