Fier comme un coq gaulois

Tout le monde connait le coq gaulois ! Cet emblème national, fièrement arboré sur les maillots des sportifs de haut niveau a pourtant bien failli disparaître de nos campagnes. C’était sans compter sur le dévouement de Damien pour préserver cette race ancestrale. Après avoir effectué un recensement de toutes les souches restantes à l’échelle nationale, il crée le Conservatoire du Coq Gaulois à Méry-sur-Seine, une petite commune du département de l’Aube. Un lieu ouvert au public qui vise à redonner à cet animal son éclat d’antan.

Les voies vertes du département de l’Aube que j’arpente avec mon vélo me mènent jusqu’à Méry-sur-Seine. Les caquètements des coqs confirment que je suis bien arrivé à destination. Au coeur de ce village bucolique se trouve une ferme pédagogique où les chevaux, les lapins ou encore les paons côtoient depuis peu les coqs gaulois. Né d’une initiative portée par Yannick Fassaert, le président du lieu, et Damien Vidart, ardent défenseur de la race gauloise, le Convervatoire du Coq Gaulois s’est établi au sein de la ferme avec pour mission de préserver cette race ancestrale.

Le coq gaulois est un animal extrêmement rustique qui peut vivre jusqu’à 12 ans.

Damien Vidart, Éleveur de coqs gaulois

Ce dont je retiens de ma rencontre avec Damien, c’est sa passion intarissable pour le coq gaulois. Rien ne prédestinait pourtant cet ancien militaire de devenir un jour éleveur de coqs, « mon parcours était un peu vacillant ». Le coup de foudre intervient il y a dix ans lors d’une exposition où il acquiert son premier couple de volailles de race gauloise: « je n’ai pas hésité, je les ai pris tout de suite », se souvient-il. Il est alors séduit par le dynamisme, la beauté et la rusticité de cette race: « Le coq gaulois est un animal extrêmement rustique qui peut vivre jusqu’à 12 ans. » Séduit aussi par le côté patrimonial de l’animal qui fait, encore aujourd’hui, la fierté de notre pays.

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Une race ancestrale et un emblème national

Le coq gaulois aurait pour ancêtre le coq bankiva, un coq qui vit à l’état sauvage en Asie du Sud-Est. Cette race se fait aussi appeler « gauloise dorée ». C’est une volaille de taille moyenne à ossature fine, d’allure fière et aux formes arrondies. On la reconnait également par son coloris doré à saumoné et d’autres marqueurs propres à la race comme des oreillons blancs sur la face, des yeux rouges-orangés ou encore une crête bien droite.

Le coq gaulois est volage, il demande beaucoup d’espace de vie

DAMIEN VIDART, Éleveur de coqs gaulois

Damien veille à briser l’idée selon laquelle le coq gaulois aurait un caractère agressif : « j’aime bien dire « tous les chiens ne mordent pas ». En 12 ans d’élevage, je n’ai connu que 3 bagarreurs », précise Damien. La gauloise est un animal qui a surtout besoin d’espace, « Le coq gaulois est volage, il demande beaucoup d’espace de vie ». Le bien-être des animaux est d’ailleurs au coeur de la démarche de Damien, il nous dévoile même son secret pour amadouer ses volailles: la Madeleine St Michel.

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Le coq gaulois est aussi un emblème national. L’association du coq et de la France est le fruit d’un jeu de mot moqueur qui remonte à l’Antiquité: gallus signifiant à la fois « gaulois » et « coq ». La silhouette du coq apparaît dès l’Antiquité sur les monnaies gauloises. Il retrouve son prestige politique au 19e siècle, lorsqu’une ordonnance stipule qu’il doit figurer sur les boutons d’habit de la garde nationale et surmonter ses drapeaux. On l’observe encore aujourd’hui sur la grille du jardin de l’Élysée et surtout comme emblème des fédérations et évènements sportifs, « il représente le côte fier et combattif de nos athlètes ».

Un combat pour le coq gaulois

Malgré son prestige, la race gauloise a bien failli disparaître de nos campagnes. Cette race était jugée trop peu productive au regard des besoins au sortir de la seconde guerre mondiale: « Il faut 9 mois pour que la croissance du coq arrive à son terme. Quant à la poule, elle va pondre 150 oeufs à l’année, très loin des 350 oeufs des poules pondeuses », explique Damien. Un rendement peu compatible avec les logiques productivistes actuelles.

Ce premier recensement m’a pris 18 mois, j’ai parcouru la France et j’ai retrouvé 78 éleveurs.

DAMIEN VIDART, Éleveur de coqs gaulois

Pour sauver la race, Damien a réalisé un recensement national afin d’identifier les souches restantes: « Ce premier recensement m’a pris 18 mois, j’ai parcouru la France et j’ai retrouvé 78 éleveurs », se souvient-il. Grâce à son travail de réhabilitation de la race, on compte aujourd’hui 220 éleveurs sur tout le territoire national, de quoi être fier comme un coq ! Le recensement a aussi permis d’identifier les animaux les plus proches du « standard ».

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Damien souhaite désormais mener à bien le plan de sauvegarde qu’il a écrit il y a quelques années. Il aimerait commander une étude à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) afin de trouver des souches dites « pures » pour que la reproduction puisse engendrer des poules et coqs de qualité et surtout éviter la consanguinité. « Le rêve serait de retrouver le coq gaulois partout en France », conclut-il. Un rêve qui prend doucement le chemin de la réalité.

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