Elle emprunte de multiples formes, endosse de nombreuses symboliques et surplombe nos foyers. Depuis toujours, la girouette est un objet de tradition, mais surtout d’expression, tant pour l’habitant que pour le girouettier. Situé en Anjou, dans le département du Maine-et-Loire, un atelier familial détient un savoir-faire ancestral : celui de manier le zinc, le cuivre et le laiton pour donner vie à nos idées. Rencontre passionnante avec Charlotte Duplessis et Philippe Jouvin à L’Atelier de la Girouetterie, au cœur de la « petite citée de caractère » du Coudray-Macouard.
Pousser la porte de l’atelier de la girouetterie, c’est embarquer pour un véritable voyage dans le temps. Charlotte est fille d’un artisan ornemaniste. « Toute mon enfance, j’ai vu mon père fabriquer des ornements et des girouettes », raconte-t-elle. Mais bien au-delà des souvenirs, une véritable passion se transmet entre père et fille. « Nous ne sommes pas piqués du zinc par hasard, je suis tombée dans le chaudron toute petite », rigole-t-elle. Après avoir travaillé dans le domaine de la communication, Charlotte est naturellement rappelée par le métier et choisit de gérer l’atelier de son père.
Philippe, quant à lui, est couvreur zingueur. « Depuis l’âge de 14 ans, toujours sur les toits. C’est mon seul métier », annonce-t-il. Autodidacte, Philippe accompagne la girouette dans sa grande traversée des époques.
Une symbolique forte
La première girouette connue à ce jour a été découverte à Athènes et datée du Ier siècle av.J.- C., période de la Grèce Antique. Elle devient un symbole chrétien lorsque le pape Nicolas I (820-867 ap. J.-C.) ordonne sa disposition au sommet de toutes les églises. C’est ainsi que le coq, si familier et connu de tous, surplombe les lieux de culte. Puis, au Moyen Âge, la girouette se mue également en un emblème de la richesse, dont l’utilisation est régie par un « droit de girouettage ».
Dans l’ornement métallique, la girouette est le décor le plus ancien et le plus chargé de symboles
Charlotte Duplessis, Gérante de l’Atelier de la Girouetterie
Ainsi, exclusivement réservée aux clergés et à la noblesse, seuls les plus aisés l’exposaient fièrement en haut des tours et donjons. En 1791, l’abolition des privilèges offre enfin aux citoyens le droit de profiter pleinement d’un tel ornement. « Dans l’ornement métallique, la girouette est le décor le plus ancien et le plus chargé de symboles », explique Charlotte.
Quant à son rôle météorologique, c’est à Léonard de Vinci que nous le devons. Inventeur du système de rouQuant à son rôle plus pratique et scientifique, c’est à Léonard de Vinci que nous le devons. Inventeur du système de roulement à billes, il fait de la girouette l’un des premiers instruments météorologiques. Dans les pays nordiques, elle équipait notamment les navires des Vikings.
Un savoir-faire ancestral
Le métier de girouettier, c’est travailler des matières nobles : le zinc, le cuivre et le laiton. D’un travail manuel précis et d’une réflexion détaillée naissent des objets dotés d’une histoire singulière. Une histoire co-écrite entre le propriétaire de l’ornement et son girouettier. Car ce temps d’échanges est nécessaire pour apporter à la girouette toute la symbolique souhaitée. Il permet à l’artisan de bien cerner les envies du futur propriétaire à travers ses passions, son métier, ses loisirs…
Mon métier, je l’aime, je le fais par passion
Philippe Jouvin, Girouettier
Suite à cela, Philippe réalise un croquis. « Une fois, j’ai reproduit toute une famille de musiciens en girouette », s’amuse-t-il. L’esquisse terminée et validée, la girouette peut prendre vie. La soudure commence. Élégance, finesse et qualité sont les mots d’ordre. « Mon métier, je l’aime, je le fais par passion », raconte Philippe.
Et ce qu’ils aiment le plus, c’est la diversité des projets et des créations. Chaque girouette est unique. Chacune à sa forme propre, prédéfinie, et endosse le rôle escompté. « Les projets changent constamment. Nous rencontrons tellement d’histoires différentes, des propriétaires, des particuliers, des maisons, des cabanes, des châteaux… », détaille Charlotte. Et tous prennent le temps de les raconter. Car souvent offerte pour des occasions particulières, la girouette est le parfait reflet de la célébration d’un événement : mariage, anniversaire, départ en retraite…
Une transmission nécessaire
Suite à un accident du travail, Philippe découvre le métier de girouettier et l’embrasse. Le secret d’un tel savoir-faire ? « De la passion et de la transmission par un ancien », dévoile-t-il. Une transmission indispensable pour faire perdurer un tel art.
Nous sommes sur des vieux métiers, qui disparaissent. Si nous ne donnons pas envie, alors nous serons les derniers à fabriquer des girouettes
Charlotte Duplessis, Gérante de l’Atelier de la Girouetterie
« Nous sommes sur des vieux métiers, qui disparaissent. Si nous ne donnons pas envie, alors nous serons les derniers à fabriquer des girouettes », ajoute Charlotte. À l’Atelier de la Girouetterie, les portes sont toujours (grandes) ouvertes. Et depuis son ouverture en 1992, l’atelier accueille entre 3000 et 4000 visiteurs par an. « Les gens aiment voir. Chaque visite appelle une commande. Et voir partir les gens avec un sourire est une immense fierté. »
Et Charlotte le sait, attirer les jeunes vers les métiers manuels est une étape primordiale. Mais surtout, le valoriser. Valoriser un tel savoir qui demande de « lier l’intelligence de la main et l’intelligence de l’esprit »Charlotte le sait, attirer les jeunes vers les métiers manuels est une étape primordiale, tout comme la valorisation d’un tel savoir qui demande de « lier l’intelligence de la main et l’intelligence de l’esprit ». Fort heureusement, Philippe, proche de la retraite, a trouvé un successeur qui saura, à sa manière, faire virevolter notre imaginaire au gré du souffle du vent.
L’épisode « Bon Vent », retrace l’histoire de l’ornement métallique et des girouettes à travers les regards passionnés de Charlotte et Philippe. Vent de fraîcheur garanti !
Itinéraire
L’itinéraire de La Vélo Francette est découpée en 24 étapes. Voici les étapes pour rejoindre Le Coudray-Macouard depuis Ouistreham, point de départ de l’itinéraire cyclable:
- Ouistreham
- Caen
- Thury-Harcourt / Le Hom
- Pont d’Ouilly
- Flers
- Domfront
- Mayenne
- Laval
- Château-Gontier
- Le Lion-d’Angers
- Angers
- St-Mathurin
- Saumur